Vivre en trompe l’oeil
Faux-semblant, trompe l’œil. Voilà plusieurs jours que ces mots viennent heurter mes pensées. A la recherche de définitions, j’en ai retenu deux : Affectations de sentiments qu’on n’éprouve pas et Apparence trompeuse. Ce serait en quelque sorte vivre pour de faux. Et me viennent en mémoire toutes ces belles paroles prononcées ou écrites durant les différents confinements. Ces prises de conscience d’une vie différente, d’un respect plus grand pour l’environnement, d’une qualité de vie plus saine, d’une consommation plus sobre… ouvraient à un grand espoir, à une prise de conscience forte et déterminée.
Et je regarde avec effarement la prise d’assaut des terrasses de café, la ruée vers les boutiques, la foule dans les rues et la violence face à ceux qui tentent de modérer les ardeurs. Toutes ces belles pensées qui nous sont venues durant le confinement étaient-elles feintes ou bien l’être humain est-il volatile à ce point qu’une simple bière à la terrasse d’un café lui ferait oublier toutes les bonnes résolutions, tout ce en quoi il croyait si fermement durant les confinements ? Et le sentiment qui m’anime en ce moment n’a pas du tout l’aspect du faux semblant !
Barbara Walter de la Communauté
Commentaire de l’Évangile du jeudi 27 mai 2021 (Marc 10, 46-52)
Jésus a rencontré Bartimée à Jéricho, là même où il a rencontré également Zachée (Luc 19, 1-10). Du reste le rapprochement de ces deux rencontres nous apprend beaucoup sur le comportement de Jésus qui s’adapte à chacun.
Bartimée est un pauvre bougre qui cumule tous les handicaps : il est d’abord désigné par son handicap, un aveugle, mais il est également en dehors de la ville, assis, sur le bord du chemin, en train de mendier, il n’a pour nom que celui de son père – bar voulant dire fils de – et en plus la foule le fait taire. Jésus l’entend, le fait venir jusqu’à lui, lui demande ce qu’il désire le plus, et lui dit : « va, ta foi t’a sauvé ! »
Zachée, c’est tout le contraire : il est riche, il ne demande rien, il se cache pour voir Jésus, par simple curiosité, et c’est Jésus qui s’invite chez lui, avec insistance : « descends vite de ton arbre, il me faut aller habiter chez toi. » C’est Jésus qui prend l’initiative et qui, sans aucune pression de sa part, permet à Zachée de découvrir ce qu’il lui faut changer dans sa vie.
Deux rencontres bien différentes, et pourtant bouleversantes l’une et l’autre ! Jésus n’a d’autre désir, d’autre projet sur ces deux hommes, que de leur permettre d’aller jusqu’au bout d’eux-mêmes, d’y voir clair, d’avancer vers plus de paix, de bonheur, d’équilibre dans leur vie. Ne serait-ce pas cela que Dieu désire pour moi ?
Père Georges Cottin, sj